Nestlé et Agrial s’engagent pour trois ans en Normandie

Depuis 2022, la coopérative Agrial, à travers sa branche lait Eurial et son usine de Moyon (Manche), approvisionne en protéines laitières l’usine de Nestlé de Creully (Calvados) située à 60 km. Cette dernière est dédiée à la fabrication de produits laitiers hyperprotéinés de la gamme de nutrition médicale Clinutren de Nestlé Health Science France, pour les patients dénutris ou à risque de dénutrition. Issus de la recherche sur les protéines sériques du lait, ces compléments peuvent être prescrits par ordonnance médicale en pharmacie ou dans le milieu hospitalier. Sur ce marché en pleine croissance, la branche santé de Nestlé est leader en France, avec 34,2 % de parts de marché.

À l’occasion du Salon de l’agriculture, les deux partenaires commerciaux ont conforté leur relation en signant un contrat de trois ans. Il porte, d’une part, sur la livraison annuelle de protéines de lait et, d’autre part, intègre un programme d’accompagnement technique et financier vers des pratiques agricoles plus « durables ».

Une prime climat pour les adhérents

Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’industriel à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. « Les ingrédients représentent aujourd’hui plus de 75  % des émissions carbone de Nestlé Health Science France, explique son président, Frédéric Tendron. Pour renforcer notre approvisionnement en matières premières laitières moins émettrices, nous nous sommes donc naturellement associés à Agrial, dont la laiterie est située à proximité.  »

De son côté, Agrial s’est aussi engagé dans un plan climat — « Nos chemins d’avenir  » — visant à réduire son empreinte carbone de 35  % d’ici à 2035. Pour atteindre ces objectifs, le contrat de trois ans signé à Paris prévoit un accompagnement financier de Nestlé Health Science (200 M€ de chiffre d’affaires en France et 2 Md€ dans le monde). Tout d’abord, une prime climat, accessible à tous les adhérents Eurial et pouvant atteindre 4,50 €/1 000 litres. Elle est conditionnée à la réalisation d’un diagnostic carbone à l’échelle de l’exploitation. De plus, afin d’encourager la mise en place de couverts végétaux et l’évolution des pratiques vers la transition agroécologique, dix fermes pilotes de la Manche bénéficieront d’une aide supplémentaire de 2 000 €/an. Elles pourront servir de support technique, à travers des formations et des groupes d’échange.

Relocaliser les approvisionnements

À ce jour, près d’un millier de diagnostics ont été réalisés au sein de la coopérative, révélant des émissions de carbone allant de 0,85 kg pour les fermes les mieux-disantes, à 0,95 kg/litre de lait en moyenne. « Cet engagement à la décarbonation des producteurs ne peut passer que par le soutien financier de nos partenaires commerciaux, insiste Pascal Le Brun, président d’Eurial. Notre ambition est de multiplier ce type de partenariat avec d’autres clients.  »

Frédéric Tendron évoque par ailleurs la dimension locale des approvisionnements d’une usine tournée à 40  % vers l’export. « Nous avons plusieurs fournisseurs pour sécuriser nos approvisionnements. Mais notre objectif est de les localiser autant que possible  », rappelle-t-il. Actuellement, la part des producteurs normands est encore très minoritaire : 80  % des ingrédients et 40  % du lait provient d’Europe. Mais Agrial a fortement investi il y a quatre ans dans son site de Moyon autour des process de concentration des protéines du lait, pour aller chercher de la valeur. En 2025, le contrat signé à Paris prévoit l’achat par Nestlé Health Science France de 350 tonnes de protéines laitières à Eurial. Un volume d’ingrédients locaux dont la part n’est pas figée dans le temps.